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Les enjeux du traitement ostéopathique sur les céphalées primaires (Partie 1)

Les enjeux du traitement ostéopathique sur les céphalées primaires (Partie 1)

Dans cette suite d’articles composée de 4 parties, nous allons reprendre l’étude d’Aline Parraud sur l’impact du traitement membraneux et de C0/C1/C2/C3 en fascias sur les céphalées primaires chroniques. Etude clinique randomisée réalisée en 2020 avec population témoin. Par PARRAUD Aline.Partie 1 : Les enjeux du traitement ostéopathique sur les céphalées primaires

Les enjeux du traitement ostéopathique sur les céphalées chroniques primaires

Les « céphalées » chroniques font l’objet de nombreuses études et d’une multitude d’articles. Le sujet ne cesse d’être abordé sous des angles différents en fonction des avancées médicales ou technologiques. Ce thème est également de plus en plus considéré de façon qualitative, par la prise en compte du retentissement de la douleur sur la vie du patient, sur son effet invalidant, et son impact émotionnel (1). Des Questionnaires tels que le MIDAS et le Hit-6 permettent ainsi d’évaluer les niveaux de handicap objectif (MIDAS) et subjectif (Hit-6) occasionnés et le MDQ-H vise à établir la dépendance médicamenteuse induite (2,3).

1.

enjeux traitement osteopathique cephalees

L’efficacité du traitement ostéopathique rachidien

Conjointement aux solutions allopathiques, différents traitements alternatifs des céphalées (4,5) ont été présentés par le magazine Headache à l’occasion d’une revue de littérature sur les compléments alimentaires, les stratégies comportementales et les thérapies physiques. Parmi les traitements investigués, le magnésium (6), la marijuanasont testés, ainsi que le biofeedback (BFB) tout commel’acupuncture, la chiropraxie et l’ostéopathie. Si pour l’ensemble des options étudiées, la conclusion (4) met en avant le manque de rigueur scientifique en lien avec une méthodologie insuffisamment étayée, il est par ailleurs souligné que les risques associés à la manipulation cervicale doivent être pris en compte par le patient lors du choix concernant la modalité de soin qu’il souhaite adopter. Et ce alors même que, concernant l’utilisation du cannabis, l’étude souligne la meilleure efficacité de la codéine par rapport à cette « Recreational drug » et invite donc à des investigations plus poussées quant à l’intérêt d’avoir ainsi recours à des « stupéfiants ». Il apparait ainsi que l’ostéopathie souffre du manque de connaissance par les professionnels de santé concernant les techniques non invasives et non sujettes à polémique en terme de sécurité médicale. Par ailleurs, l’amalgame « chiropraxie » et « ostéopathie » semble encore très enraciné et aucune distinction n’est clairement faite, dans cette étude, entre ces deux types de thérapie manuelle. Toujours dans le magazine Headache (7,8), on trouve une revue de littérature concernant les traitements ostéopathiques rachidiens des migraines. De cette analyse, il ressort qu’ils diminuent la durée et l’intensité des crises. D’autres résultats soulignent (9) que leurs bienfaits sont plus convaincants que ceux des antalgiques de palier 1 et des massages ou décontractants musculaires locaux.

2. Un impact financier très significatif

Ce parallèle entre traitement allopathique et thérapie manuelle ostéopathique peut être élargi à la notion de coûts moyens relatifs à ces deux prises en charge. De nos jours, le remboursement par les Mutuelles de Santé des soins ostéopathiques se généralise, mettant en avant un certain intérêt économique pour ces organismes. Ainsi aux Etats-Unis, une recherche (10) a été menée sur le coût des prescriptions et des consultations dans les centres médicaux allopathiques vs ostéopathiques. Une telle étude est possible outre-Atlantique du fait que là-bas les ostéopathes sont médecins avant tout et qu’ils ont les mêmes prérogatives en terme de diagnostic et de prescription. Il apparaît que les coûts moyens de prise en charge d’un patient souffrant de migraine varie de $195.63 dans un cabinet médical ostéopathique à $363.84 dans un centre de soin allopathique, soit environ 50% d’écart. De toute évidence, le recours à l’ostéopathie ne devrait pas être uniquement guidé par une préférence d’ordre philosophique, ni être une alternative face au scepticisme pur et simple vis-à-vis de la médecine allopathique. Il s’agirait bien plus d’une approche intégrée, dont l’argumentaire pourrait s’appuyer non seulement sur les intérêts économiques mais également sur des bénéfices psycho-sociaux.

3. Une réponse plus adaptée à la population la plus concernée.

Un autre article publié dans le magazine Headache (11) s’intéresse à la répartition par Genre des consultations en Médecine Alternative (CAM: Complementary and Alternative Medicine) comparées au recours à l’Allopathie dans le cadre du traitement des céphalées et migraines sévères. La conclusion de cette recherche met en évidence un grand intérêt féminin pour les médecines non allopathiques avec à la clé des bénéfices avérés sur l’amélioration de leur état de santé psychique en lien avec la douleur.

a) Les femmes et la médecine non allopathique

Il ressort que 44% des femmes auraient souvent recours aux CAM et dans 27% des cas les effets associés à ces soins incluraient une baisse de leur souffrance émotionnelle et ce alors que chez les hommes aucun bénéfice de ce genre n’est véritablement retrouvé. Les migraines et céphalées touchent d’avantage les femmes que les hommes et leurs comportements respectifs sont très différents. Alors que chez les hommes la douleur semble prise en charge de façon somatique, avec un recours à la médication allopathique associée à du repos si nécessaire, la femme elle, est plus encline à développer des symptômes psychiques avec des accès de dépression ou de fatigue chronique qui alimentent d’autant plus le terrain de leurs céphalées. Il semble dès lors important de rendre accessible à toute une approche thérapeutique manuelle qui soit une alternative à la pratique structurelle cervicale. Il s’agit d’apporter une solution ostéopathique non sujette à controverse et scientifiquement étayée en ce qui concerne son efficacité.  Il n’est aucunement question de remettre en cause l’efficacité ni la pertinence d’un traitement HVLA sur le rachis cervical, ni même de cautionner les réticences médicales à son encontre, mais bien de promouvoir une démarche différente afin de permettre à un maximum de patients d’avoir accès à l’ostéopathie dans le cadre d’une prise en charge de leurs céphalées chroniques primaires, en bénéficiant notamment d’une prescription optimale de la part du monde médical.

Bibliographie

(1) ©International Headache Society 2013-2018 : 3e édition de la Classification Internationale des Céphalées (The International Classification of Headache Disorders, ICHD-3) (2) F. Radat, M. Lanteri-Minet. Évaluation de la migraine. La revue du praticien. Mars 2008; 58, 31 (3) M. Kosinski, MS. Bayliss, JB. Bjorner, et al. Six-item short-form survey for measuring headache impact: the HIT-6.Qual Life Res 2003;8:963-74. (4) C. Sun-Edelstein, Alexander Mauskop. Alternative Headache Treatments: Nutraceuticals, Behavioral and Physical Treatments. Headache. 2011 Mar;51(3):469-483 (5) C. Gaul, R. Eismann, T. Schmidt, et al. Use of complementary and alternative medicine in patients suffering from primary headache disorders. Cephalalgia. 2009;10:1069‐1078. (6) BT. Altura, BM . Altura. Withdrawal of magnesium causes vasospasm while elevated magnesium produced relaxation of tone in cerebral arteries. Neurosci Lett. 1989; 20: 323‐327. (7) P.M. Rist, A. Hernandez, C. Bernstein , M. Kowalski, K. Osypiuk, R. Vining , CR.Long , C. Goertz, R. Song , PM. Wayne. The Impact of Spinal Manipulation on Migraine Pain and Disability: A Systematic Review and Meta-Analysis.Headache. 2019 Apr;59(4):532-542 (8) P.M. Wayne, C. Bernstein, M. Kowalski, JP. Connor , K. Osypiuk, CR Long, R. Vining , E. Macklin and PM.Rist, The Integrative Migraine Pain Alleviation through Chiropractic Therapy (Impact) Trial: Study Rationale, Design and Intervention Validation, Contemporary Clinical Trials Communications, 10.1016/j.conctc.2020.100531, (100531), (2020). (9) G. Bronfort, WJ. Assendelft, R. Evans , M. Haas, L. Bouter. Efficacy of spinal manipulation for chronic headache: a systematic review. J Manipulative Physiol Ther. 2001 Sep;24(7):457-66. (10) E. Schabert, WT. Crow. Impact of osteopathic manipulative treatment on cost of care for patients with migraine headache: retrospective review of patient records. J Am Osteopath Assoc. 2009 Aug;109(8):403-7. (11) T.G. Rhee, I.M. Harris. Gender Differences in the Use of Complementary and Alternative Medicine and Their Association With Moderate Mental Distress in U.S. Adults With Migraines/Severe Headaches. Headache. 2017 Jan;57(1):97-108.

Référence

Etude réalisée en 2020-21 par l’auteur de l’article, Aline PARRAUD (ostéopathe à Biver), dans le cadre de son mémoire de fin d’Etudes au Collège Ostéopathique de Provence Aix-Marseille CC0 (Aucun Droit réservé).


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