« Le sommeil est un des indicateurs les plus sensibles de l’équilibre du nourrisson »
Le sommeil est primordial pour un nouveau-né. Durant ses premiers mois de vie, le sommeil va s’organiser autour de cycles, de l’alimentation et de son environnement. Il lui permet de développer son cerveau et de grandir. Il faut tout d’abord porter un intérêt sur la différence entre l’âge réel et l’âge corrigé. Lorsque l’on reçoit un nouveau-né en consultation, il est important de raisonner en âge corrigé pour savoir dans quel contexte physiologique l’enfant fonctionne (et particulièrement chez les prématurés).
- L’âge réel est son âge officiel, c’est-à-dire l’âge qui correspond à sa date de naissance.
- L’âge corrigé est l’âge qu’il aurait s’il était né à terme.
• Du terme à 1 mois :
Caractéristiques :
- Bébé dort beaucoup (jusqu’à 20h par jour).
- Il ne différencie pas le jour et la nuit ; son cycle est ultradien. Il dort par période de 3-4h et se réveille pour s’alimenter.
Sommeil agité et véritable éveil :
- Lors d’un sommeil agité : bébé s’agite, sourit voire grimace, bouge beaucoup.
- Lors de l’éveil, bébé a les yeux ouverts et est calme, son corps est immobile. Cet état ne représente qu’environ 15 minutes par jour lors du premier mois de vie et environ 2h/j au 3e mois de vie.
Il est donc important de différencier si bébé est véritablement éveillé pour ne pas risquer d’entraver son sommeil.
• A partir de 2 mois et jusqu’à 6 mois :
Caractéristiques :
- Bébé dort environ 12h.
- Différencie le jour et la nuit : installation du cycle circadien.
- Apparition de trois stades de sommeil : sommeil lent et léger, lent profond et paradoxal.
- Temps d’éveil allant jusqu’à 2h à 6 mois laissant place aux rapports sociaux.
• Ce qui peut empêcher bébé de dormir
(Voire inversement, les conséquences si bébé ne dort pas → nervosité)
Au début de sa vie, bébé passe la majorité de son temps à dormir et à manger. Ces deux éléments sont donc étroitement liés. Lors d’une consultation en ostéopathie, le but est donc de comprendre lors de la première partie de l’entretien si les troubles de l’alimentation déclenchent des troubles du sommeil ou si les troubles du sommeil occasionnent des troubles de l’alimentation.
Un troisième facteur intrinsèquement lié est la nervosité/ irritabilité qui joue un rôle prépondérant dans la vie de bébé. Ce troisième paramètre peut être en lien avec son environnement, sa vie intra-utérine, sa naissance ou une hyperexcitabilité déjà observée à la maternité.
Les troubles du sommeil liés à l’alimentation des premiers mois
• Les coliques :
En général, elles débutent à la fin du premier mois de vie pour disparaître aux alentours de trois mois (parfois persistent jusqu’à six mois). Elles sont caractérisées par une période de pleurs prolongés avec agitation et irritabilité qui se produisent sans cause évidente et ne peuvent être résolues ou évitées par les parents. Aucun traitement médicamenteux n’a encore prouvé un effet notable mais la piste de l’ingestion de probiotiques est encourageante (2). Les coliques pourraient être en partie liées à un blocage des gaz dans les anses intestinales. L’ostéopathe fera un traitement global de l’enfant et prodiguera des conseils à appliquer à la maison.
Dans cette situation, il ne s’agit pas de « guérir les coliques » mais plutôt de soulager bébé et de rassurer les parents (pour qu’ils puissent à leur tour rassurer l’enfant lors des périodes de crise (3)). Les coliques sont souvent en lien étroit avec l’anxiété des parents. L’écoute, la guidance et la réassurance sont indispensables pour passer ce moment délicat.
• Les régurgitations :
Elles apparaissent lors du premier mois de vie. Elles sont aggravées par l’alimentation liquide et sont liées en général à l’immaturité du sphincter cardia. Votre ostéopathe vérifiera la mobilité de chaque structure anatomique en lien avec l’estomac de bébé et pouvant fragiliser sa dynamique (voir article régurgitation). Il vous donnera également quelques conseils à suivre pour le confort de bébé au quotidien.
Les troubles du sommeil liés à la nervosité
• Le besoin impérieux d’être en contact
Le toucher est la première forme de communication de bébé avec son entourage et permet de le rassurer, surtout dans les moments d’agitation. Il renforce le lien avec ses parents. Le contact peut se faire avec le peau à peau (4), la tétée de confort (si bébé est allaité) ou en étant bercé. Il a également été démontré que parler à l’enfant est important, la voix de la maman est considérée comme un véritable « cordon ombilical sonore » selon H. Stork.
• L’hyperstimulation
Dans un environnement où les bruits sont intenses et les sons trop forts, où les stimulations visuelles sont importantes, bébé peut se trouver dans une situation inconfortable. Son rythme de sommeil est entravé. Les mouvements brusques ou les secousses lorsqu’il est porté font partie des sollicitations qui peuvent le déranger. Veillez à ce que bébé évolue dans une atmosphère calme et sereine.
• L’environnement
Ce facteur est intimement lié à la sphère de la nervosité et aux coliques précédemment décrites. Bébé est une éponge et ressent facilement les carences affectives (5) (mère absente), la discontinuité des soins (bébé hospitalisé à répétition, placements répétés...).
► Dans une approche globale et bio-psycho-sociale, l’ostéopathe tente d’apporter une aide complémentaire à la prise en charge médicale classique. Il est important de déterminer quelle(s) sphère(s) perturbe(nt) les autres pour aider au mieux bébé et sa famille. Il ne faut pas oublier de porter une attention particulière à son environnement et aux conditions dans lesquelles il évolue.
Sources
(1) C. Bénony et B. Golse, psychopathologie du bébé, Paris, Nathan Université, coll. 128, octobre 2003, P.49.
(2)Qinghui M et al. Role of Lactobacillus reuteri in Human Health and Diseases Front Microbiol. 2018; 9: 757. Published online 2018 Apr 19. doi: 10.3389/fmicb.2018.00757.
(3) Bellaiche M et al. Multiple functional gastrointestinal disorders are frequent in formul-fed infants and decrease their quality of life. Acta Paediatr 2018 Mar 31. doi : 10.1111/apa.14348.
(4) Garret-Gloanec N. « Les médiations thérapeutiques ». Document issu d’un groupe de travail consutité de professionnels du CNP.
(5) : « ce que tout jeune enfant sent, c’est qu’il a perdu sa mère ; ce qu’il a réellement perdu, ce n’est pas uniquement la mère mais aussi le bien-être dans leurs relation » P. MAZET, 2000.
Article écrit par :
Clémentine Pillard, Ostéopathe - Chaumont - Tél : 0983855445