L’amnésie des fessiers : comprendre, prévenir et corriger ce dysfonctionnement postural

Introduction

Dans le monde du sport, de la santé et de la posture, un concept revient régulièrement ces dernières années : l’amnésie des fessiers, ou gluteal amnesia en anglais. Ce terme intrigue. Comment un muscle peut-il « oublier » de fonctionner ? Peut-on vraiment perdre l’usage fonctionnel d’un groupe musculaire aussi important que les fessiers, sans blessure apparente ?

Et pourtant, ce phénomène est bien réel. Il est même extrêmement courant, aussi bien chez les sédentaires que chez les sportifs mal préparés. Cette amnésie peut être responsable de douleurs chroniques, de contre-performances sportives, voire de blessures à répétition.

Ce texte vous propose une exploration complète de ce syndrome : qu’est-ce que l’amnésie des fessiers ? Pourquoi survient-elle ? Quels en sont les signes ? Quelles en sont les conséquences mécaniques et posturales ? Et surtout, comment y remédier ?

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1. Anatomie et rôle des fessiers

Avant de comprendre comment ils « s’endorment », il faut rappeler à quoi servent les muscles fessiers.

1.1 Les trois muscles principaux

Le groupe des fessiers est composé de trois muscles :

• Grand fessier (gluteus maximus) : le plus volumineux, il permet l’extension de la hanche (monter les escaliers, se relever, courir).

• Moyen fessier (gluteus medius) : stabilisateur latéral du bassin, actif dans l’abduction de la hanche.

• Petit fessier (gluteus minimus) : plus profond, participe à la stabilisation fine de la hanche.

1.2 Leur rôle dans le mouvement et la posture

Les fessiers sont essentiels à :

• La stabilité du bassin en position debout ou lors de la marche.

• L’alignement du bas du dos et la prévention de l’hyperlordose.

• La propulsion dans la course, les sauts, les changements de direction.

• La prévention des douleurs lombaires, des tendinites, des déséquilibres posturaux.

Lorsque ces muscles ne remplissent plus leur rôle correctement, le corps met en place des compensations qui, à la longue, entraînent des douleurs ou des blessures.

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2. Qu’est-ce que l’amnésie des fessiers ?

2.1 Définition

L’amnésie des fessiers désigne une perte de recrutement neuromusculaire efficace des muscles fessiers, en particulier du grand fessier. Cela signifie que, même s’ils sont anatomiquement intacts, ces muscles ne s’activent plus correctement lors des mouvements où ils devraient être sollicités.

On ne parle donc pas de faiblesse musculaire directe, mais de défaut de connexion entre le cerveau et le muscle : c’est le système nerveux qui ne « commande » plus le muscle efficacement.

2.2 Origine du terme

Ce concept a été popularisé par Dr. Stuart McGill, chercheur et spécialiste du dos. Il évoque une « gluteal amnesia », une incapacité du cerveau à activer les fessiers, notamment après de longues périodes de sédentarité, de douleur ou de mauvaise posture.

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3. Quelles sont les causes de l’amnésie des fessiers ?

3.1 Sédentarité et position assise prolongée

La principale cause de l’amnésie des fessiers est le temps passé assis :

• En position assise, les fessiers sont étirés et comprimés en permanence.

• Ils deviennent inactifs pendant des heures.

• À terme, le cerveau « oublie » de les recruter.

• Le psoas (muscle fléchisseur de hanche) devient dominant, tirant le bassin vers l’avant (antéversion).

Résultat : un déséquilibre musculaire s’installe, avec des muscles suractivés à l’avant (psoas, quadriceps) et des muscles inhibés à l’arrière (fessiers, ischio-jambiers).

3.2 Mauvaise biomécanique du mouvement

Certains entraînements sportifs mal conçus aggravent l’amnésie :

• Exécution incorrecte de squats ou fentes : les quadriceps font tout le travail.

• Manque d’activation spécifique des fessiers à l’échauffement.

• Travail en machines guidées qui isolent mal les fessiers.

• Absence de renforcement unilatéral, nécessaire à la stabilité pelvienne.

3.3 Douleurs ou traumatismes passés

Le corps humain évite naturellement les mouvements douloureux. Après :

• Une lombalgie

• Une entorse de cheville

• Une chirurgie du genou

… le corps peut modifier les schémas moteurs pour protéger la zone blessée, ce qui inhibe certains muscles, dont les fessiers.

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4. Signes et symptômes de l’amnésie des fessiers

4.1 Symptômes musculaires et posturaux

• Fessiers « plats » ou « flasques »

• Faiblesse en montée, lors des sauts, ou à la course

• Hyperlordose lombaire (creux exagéré dans le bas du dos)

• Douleurs ou raideurs lombaires chroniques

• Genoux qui rentrent vers l’intérieur (valgus dynamique)

• Bassin qui bascule pendant la marche (boiterie invisible)

4.2 Symptômes fonctionnels et sportifs

• Diminution de la puissance à la poussée

• Diminution de la vitesse et de l’explosivité

• Mauvais alignement du tronc dans les sauts ou les squats

• Douleurs aux genoux, aux hanches ou aux ischios

Ces signes sont souvent interprétés à tort comme un problème local, alors qu’ils reflètent un défaut global de coordination motrice.

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5. Conséquences à long terme

5.1 Sur la posture

• Bascule du bassin vers l’avant (antéversion)

• Accentuation de la cambrure lombaire

• Fermeture de l’angle costo-diaphragmatique (impact sur la respiration)

• Affaissement de l’abdomen (perte de gainage naturel)

5.2 Sur les douleurs et blessures

• Lombalgies chroniques (les fessiers n’amortissent plus les contraintes)

• Syndrome rotulien ou douleurs fémoro-patellaires

• Tendinite du TFL (tenseur du fascia lata)

• Fasciite plantaire (compensations en chaîne)

• Blessures aux ischios (hyper-sollicités en compensation)

5.3 Sur les performances sportives

• Perte d’explosivité (sprint, saut)

• Mauvaise transmission de force sol-tronc

• Recrutement compensatoire des quadriceps ou du bas du dos

• Mauvaise récupération post-entraînement

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6. Comment diagnostiquer une amnésie des fessiers ?

6.1 Tests simples

• Test de pont fessier (glute bridge) : si on sent l’effort dans le bas du dos ou les ischios plus que dans les fessiers, il y a un problème d’activation.

• Test de marche avec charge unilatérale : instabilité du bassin = déficit du moyen fessier.

• Test de contraction volontaire des fessiers debout : difficile à réaliser consciemment = mauvaise connexion cerveau-muscle.

6.2 Évaluation par un professionnel

Un ostéopathe, kinésithérapeute ou coach spécialisé peut analyser :

• Votre posture statique

• Vos schémas de marche ou de course

• Vos compensations musculaires

• Vos douleurs associées

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7. Solutions pour réactiver les fessiers

7.1 La clé : reconnecter le cerveau au muscle

Il faut réapprendre au cerveau à activer les fessiers, avant même de les renforcer. Cela passe par :

7.1.1 Travail d’activation neuromusculaire

• Exercices à faible charge, très contrôlés

• Contractions volontaires (squeeze fessiers 10 sec x 10 reps)

• Bandes élastiques (abductions, crab walk)

• Exercices en isométrie (tenir la contraction longtemps)

• Unilatéralité : step-up, fente glissée, hip thrust une jambe

Astuce : Faire une séance d’activation 10 minutes avant chaque séance jambe ou chaque course.

7.1.2 Travail postural et de mobilité

• Libération du psoas (étirements, respiration)

• Mobilité de la hanche (rotation interne/externe)

• Posture debout corrigée (auto-grandissement, rétroversion douce du bassin)

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7.2 Renforcement progressif

Une fois les fessiers « réveillés », on peut passer à un travail de renforcement musculaire classique :

• Hip thrust

• Soulevé de terre roumain

• Squat sumo

• Fentes marchées

• Montées de marches

Progressivité, qualité du mouvement et focus sur la sensation musculaire sont essentiels.

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7.3 Optimiser l’environnement quotidien

• Se lever toutes les 30 à 45 minutes si vous travaillez assis

• S’asseoir sur des supports qui ne compriment pas les fessiers

• S’étirer régulièrement (psoas, quadriceps, bas du dos)

• Travailler debout si possible (bureau assis-debout)

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8. Le rôle de l’ostéopathie dans l’amnésie des fessiers

8.1 Libérer les blocages structurels

L’ostéopathe peut détecter et corriger :

• Une sacro-iliaque figée

• Une compensation lombaire limitant l’extension de hanche

• Un déséquilibre pelvien

• Une restriction du diaphragme, qui affecte la posture

8.2 Restaurer la proprioception et la connexion neuro-musculaire

Les techniques crâniennes, viscérales et tissulaires permettent de :

• Améliorer la connexion cortex-moteur / muscle

• Réduire les inhibitions réflexes liées à la douleur

• Aider à un meilleur schéma corporel

Un suivi ostéopathique peut donc compléter idéalement un programme de réactivation des fessiers.

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Conclusion

L’amnésie des fessiers est un phénomène courant mais réversible, qui touche aussi bien les sédentaires que les sportifs. Elle résulte souvent d’une sédentarité prolongée, d’une mauvaise posture ou d’un entraînement inadapté.

Ses conséquences sont multiples : douleurs chroniques, déséquilibres posturaux, contre-performances sportives, blessures… Heureusement, en reconnectant le cerveau aux muscles fessiers par des exercices ciblés, des corrections posturales, et parfois l’aide de professionnels (ostéopathes, kinés, coachs), on peut réactiver pleinement leur fonction.

Dans une société de plus en plus sédentaire, comprendre et prévenir cette forme de déconnexion musculaire est un enjeu de santé et de performance durable.

 

Article écrit par : Olivier ROMAND , Pierre Loup CORBIER, Jules FRANZIN et Léonie FUHRER, Ostéopathe - Nancy - Tél : 0383354744