Olivier ROMAND , Pierre Loup CORBIER, Jules FRANZIN et Léonie FUHRER Ostéopathe Nancy
34 rue saint jean 54000 Nancy
Les étirements font partie intégrante des pratiques corporelles en sport, en santé et en prévention. Longtemps pratiqués exclusivement à chaud, c’est-à-dire après un échauffement ou un effort, les étirements à froid gagnent aujourd’hui du terrain, notamment dans des contextes de mobilisation douce, de détente et de récupération.
Parallèlement, l’ostéopathie, approche manuelle et globale, valorise une perception fine du corps, du mouvement, des tensions tissulaires et du système fascial. À ce titre, elle peut offrir une grille de lecture précieuse sur les effets et les limites des étirements à froid, en lien avec les schémas corporels du patient.
Alors, faut-il préférer les étirements à froid ? Sont-ils dangereux ou bénéfiques ? Dans quel cadre les utiliser ? Et quel peut être l’apport de l’ostéopathie dans cette stratégie ?
Ce texte vous propose une exploration détaillée du sujet.
Un étirement consiste à allonger un muscle ou un groupe musculaire, dans le but de :
Maintenir ou augmenter la souplesse
Préparer à l’effort
Favoriser la récupération
Diminuer les douleurs ou tensions
On distingue plusieurs types d’étirements :
Passifs : sans contraction musculaire (avec ou sans aide extérieure)
Actifs : contraction du muscle antagoniste pour provoquer l’étirement
Balistiques : mouvements dynamiques répétés (moins utilisés aujourd’hui)
PNF (proprioceptive neuromusculaire facilitation) : alternance de contraction/relâchement
Les muscles sont entourés de fascias et traversés de fuseaux neuromusculaires et d’organes tendineux de Golgi, qui jouent un rôle dans la régulation du tonus.
Lorsque le muscle s’étire, les fuseaux s’activent et déclenchent un réflexe myotatique qui tend à le contracter pour éviter une lésion.
À l’inverse, une traction lente et maintenue peut activer les organes tendineux de Golgi, qui favorisent le relâchement réflexe du muscle.
Ainsi, l’étirement est une négociation entre la protection réflexe et le relâchement. Ce processus dépend de la température, du contexte émotionnel, du niveau de stress, de la qualité du sommeil… et de la conscience corporelle.
Étendre un muscle après un échauffement ou un effort a longtemps été considéré comme une sécurité. En effet, un muscle échauffé :
Est plus vascularisé
A une élasticité accrue
Présente un risque moindre de micro-déchirure
Les étirements à chaud sont souvent utilisés pour :
Récupérer après un effort
Réduire les courbatures (bien que les études soient contradictoires)
Réduire la sensation de raideur post-sport
Contrairement à certaines idées reçues, les étirements à froid ne sont pas nécessairement dangereux, à condition qu’ils soient :
Progressifs
Lents
Contrôlés
Adaptés à l’état du tissu
Pratiqués au réveil, en journée ou avant le sport sans échauffement intense, ils peuvent :
Favoriser un retour à la conscience corporelle
Améliorer la mobilité articulaire
Travailler la souplesse active
Réduire certaines douleurs (sciatiques, douleurs dorsales)
En revanche, il est déconseillé de faire des étirements fortement contraignants à froid, notamment sur des muscles en lésion, très raides ou en fatigue chronique.
Contrairement à l’exercice physique qui nécessite un temps et un lieu spécifiques, les étirements à froid peuvent être pratiqués partout, à tout moment :
Au lever (étirements "de chat")
En pause au bureau
Avant le coucher
En marchant ou en position assise
Ils favorisent :
Une mobilisation douce du corps
Une meilleure respiration
Une conscience corporelle accrue
Une détente du système nerveux parasympathique
Les personnes travaillant assises ou sur écran souffrent souvent de raideurs musculaires (nuque, dos, épaules, psoas). Des étirements simples à froid peuvent réduire :
Les tensions chroniques
Les raideurs articulaires
Les sensations de compression ou de blocage
L’efficacité des étirements à froid repose sur :
La fréquence (mieux vaut 10 min tous les jours que 1 h par semaine)
La progressivité
La respiration lente
Le respect de la douleur (aucun étirement ne doit "faire mal")
L’ostéopathie et les étirements à froid reposent sur une écoute du corps, une mobilisation douce et une vision globale. L’objectif n’est pas la performance, mais le rééquilibrage tissulaire.
L’ostéopathe travaille sur les restrictions de mobilité, qu’elles soient :
Articulaires
Fasciales
Musculaires
Viscérales
Crâniennes
Les étirements à froid, bien menés, permettent d’entretenir la mobilité retrouvée après une séance.
Un ostéopathe peut conseiller à ses patients des étirements à froid :
En cas de douleurs chroniques légères
Pour améliorer la souplesse globale (notamment des chaînes postérieures)
Dans la gestion de pathologies posturales (scoliose, hyperlordose, cyphose)
En phase de récupération après blessure (hors phase inflammatoire)
En complément du traitement ostéopathique, pour maintenir les résultats
Les fascias sont des membranes qui enveloppent muscles, organes, articulations, et forment un réseau continu. L’ostéopathie, comme les étirements à froid, agit sur ce tissu :
En favorisant une meilleure hydratation fasciale
En libérant les adhérences entre plans tissulaires
En stimulant la mécanoréception (récepteurs sensoriels du mouvement)
En relançant le système nerveux autonome
C’est pourquoi certains étirements à froid, effectués lentement et avec attention, peuvent reproduire certains effets ostéopathiques, notamment en auto-libération fasciale.
Les étirements à froid sont particulièrement utiles dans les cas suivants :
Lombalgies légères
Sciatiques non aiguës
Tensions cervicales chroniques
Douleurs intercostales d’origine musculaire
Fatigue chronique musculaire
Récupération après activité physique modérée
Ils sont aussi indiqués chez :
Les personnes âgées ou sédentaires
Les patients anxieux ou stressés
Les pratiquants de yoga, pilates, danse
Il faut cependant être prudent dans certaines situations :
Phase aiguë d’une blessure ou d’une inflammation
Déchirure musculaire récente
Hernie discale symptomatique
Pathologies rhumatismales inflammatoires en poussée
Étirements mal réalisés (trop rapides, forcés, en apnée)
Dans ces cas, l’avis d’un professionnel est essentiel avant de débuter un protocole d’étirement à froid.
Position : fente avant
Objectif : libérer le bassin, la lombaire, améliorer la posture
Durée : 30 secondes par jambe
Position : debout, jambes tendues, penché en avant sans forcer
Objectif : soulager le bas du dos
Durée : 1 minute, respiration lente
Position : assis ou debout, inclinaison de la tête sur le côté, main opposée qui tire doucement
Objectif : détendre la nuque et le haut du dos
Durée : 30 secondes de chaque côté
Position : assis, une main sous les côtes, respirer profondément et appuyer doucement à l’expiration
Objectif : libérer la respiration, relâcher le système nerveux
Durée : 2 à 3 minutes
Les étirements à froid, longtemps dénigrés ou suspectés de favoriser les blessures, retrouvent aujourd’hui une place importante dans une approche globale du mouvement et de la santé. Lorsqu’ils sont pratiqués avec conscience, progressivité et respect du corps, ils permettent :
De préparer le corps au mouvement
D’entretenir la mobilité articulaire et fasciale
De soulager certaines tensions chroniques
De favoriser la récupération
D’ancrer les bénéfices d’un traitement ostéopathique
L’ostéopathie, par son approche holistique et manuelle, constitue un accompagnement idéal à la pratique d’étirements à froid. Elle permet de lever les freins mécaniques, d’individualiser les conseils, et de guider la personne vers une écoute plus fine de son corps.
En somme, préférer les étirements à froid n’est pas une règle universelle, mais une option stratégique, pertinente dans une logique de prévention, de conscience corporelle et d’équilibre tissulaire. L’important reste la régularité, la douceur… et l’accompagnement professionnel lorsque cela est nécessaire.
Article écrit par : Olivier ROMAND , Pierre Loup CORBIER, Jules FRANZIN et Léonie FUHRER, Ostéopathe - Nancy - Tél : 0383354744Pour prendre rendez-vous ou pour toutes questions