L’ostéopathie est aujourd’hui une pratique très répandue en France. Que ce soit pour des douleurs articulaires, telles que des problématiques au niveau du dos, ou encore des troubles fonctionnels tels que les maux de têtes ou les troubles digestifs, elle a su convaincre de plus en plus de français.
Sondage OpinionWay (Syndicat de Médécine Manuelle Ostéopathie de France en 2014) ; Sondage IPSOS (Ostéo de France en 2016)
Aujourd’hui, selon les dernières données, plus de 67% des français ont déjà consulté un ostéopathe. Cette évolution s’est faite de manière progressive avec une explosion notable sur les dix dernières années. Parfois critiquée quant à la véracité scientifique de son concept, la pratique a réussi à s’imposer grâce à ses résultats.
Mais alors d’où vient cette pratique thérapeutique désormais très répandue ?
L’origine de l’ostéopathie
L’ostéopathie fut fondée au XIXème siècle sur le continent Américain par un médecin, Andrew Taylor Still, en automne 1874. L’histoire raconte, que lors d’une épidémie il guérit 18 enfants de la dysenterie.
Le 22 juin 1874, Still rompt donc définitivement avec la médecine traditionnelle et expose ses résultats et ses théories. Il soigne avec ses mains. La pratique n’est pas reconnue par ses pairs, mais le « vieux docteur » comme on l’appelle, continue de convaincre, et fort de son succès, il ouvre la première école d’ostéopathie. L’American School of Osteopathy voit le jour à Kirksville dans l’état du Missouri. Il crée le titre de D.O (docteur en ostéopathie) pour se différencier du M.D (docteur en médecine).
Le succès de l’ostéopathie, portée par Still, permet la création de nombreuses écoles. En 1905, face à la propagation de cette thérapie, l’association de médecine américaine demande et obtient la fermeture de nombreuses écoles. C’est grâce au soulèvement populaire et à l’intervention du Président Roosevelt, lui-même traité en ostéopathie, que plusieurs établissements ont malgré tout pu voir le jour. Cependant, ce n’est que plus tard en 1969 que les droits et privilèges médicaux et chirurgicaux sont octroyés à la profession d’ostéopathe.
L’arrivée de l’ostéopathie en Europe
L’exportation vers l’Europe a lieu en 1917 lorsque l’un des élèves de Still, John Martin Littlejohn, ouvre la British School of Osteopathy. L’ironie du sort voudra que la même année, le « vieux docteur » décède à 82 ans. Il faudra attendre près de 70 ans et l’année 1993 pour voir le Royaume Uni légaliser l’ostéopathie. Ce sont là les premières traces de l’ostéopathie en Europe.
Concernant la France, l’ostéopathie a mis plus de temps avant d’avoir sa chance. Après plusieurs tentatives infructueuses menées par les docteurs Moutin et Mann puis le docteur Lavezzari, c’est en 1950 que Paul Geny ouvre l’École Française d’Ostéopathie (E.F.O). Cette école ouvra la porte à de nombreuses autres, ce qui poussa le gouvernement à agir. L’exercice de l’ostéopathie devient le monopole des médecins de 1962 jusqu’en 2002. Durant ces 40 ans, l’exercice de l’ostéopathie par des personnes non médecins était considéré comme un exercice illégal de la médecine.
Le 4 mars 2002 la France légalise l’exercice de l’ostéopathie grâce à Bernard Kouchner. Cependant les décrets d’applications ne seront publiés que plus tard en mars 2007, laissant un flou juridique durant 5 ans. Si l’on compare avec les autres pays d’Europe, les Pays-Bas ont légalisé la pratique en 1994, la Belgique en 1999 et l’Espagne ou encore le Portugal ont déjà intégré des formations post-gradués en ostéopathie.
Si les textes de 2002 représentent une avancée réelle pour l’ostéopathie, il n’en demeure pas moins que les conditions de formation, l’augmentation du nombre d’écoles et de professionnels en exercice vont constituer une réelle problématique en matière de santé. En avril 2013, Madame Marisol TOURAINE alors ministre de la santé, réengage un travail sur l’encadrement réglementaire de l’exercice tant sur le volet formation que sur l’encadrement des écoles. L’ensemble des représentants de la profession sera invité à participer à ces travaux.
De nouvelles réglementations en ostéopathie
Le nouveau cadre réglementaire pour la profession est achevé́ fin 2014. Il définit des critères précis et exigeants. Dès la rentrée 2015, l’ensemble des établissements de formation en ostéopathie applique un nouvel agrément conformément aux dispositions du décret et ce, quel que soit le public accueilli.
Aujourd’hui on compte 31 écoles d’ostéopathie en France. L’essor de la profession s’est fait de manière exponentielle. En effet, depuis 2010 le nombre d’ostéopathes a presque triplé.
Source : https://www.osteopathie.org
Cette croissance est une chance pour les patients mais risque de devenir problématique pour la profession si elle n’est pas mieux encadrée par le législateur. Toutes les professions de santé sont encadrées, et gérées pour ne pas former trop de thérapeutes. Un encadrement plus important pourra s’avérer nécessaire à l’avenir.
Source : INSEE/DREES
Aujourd’hui, l’ostéopathie semble avoir prouvé son efficacité auprès des patients mais paraît toujours illégitime aux yeux d’une partie de la communauté médicale. Le concept tend à évoluer afin de se légitimiser auprès de la communauté scientifique tout en essayant de garder son identité.
Quel constat aujourd’hui ?
« Je vous invite maintenant à vous projeter avec moi dans le temps, et à évoquer l’ostéopathie que connaîtront nos petits-enfants. Les premières cent années d’ostéopathie ont été consacrées à obtenir la reconnaissance légale et statutaire de l’ostéopathie et à son acceptation comme part établie de notre façon de vivre. Le second siècle servira à développer le praticien lui-même vers un stade où l’ostéopathie sera non seulement un système s’occupant de soigner le patient comme un tout, mais également une manière de vivre demandant un engagement total de la part du praticien. »
Tricot P. Itinéraire d’un ostéopathe: une introduction à l’approche tissulaire de l’ostéopathie. Vannes: Sully; 2019
Cette citation de Viola Fryman, célèbre ostéopathe, semble résumer les propos énoncés plus haut. Durant son 1er siècle d’existence, l’ostéopathie s’est structurée, elle a convaincu les patients par son efficacité. Elle doit maintenant évoluer et convaincre les autres professionnels de santé afin de pouvoir travailler en harmonie avec ces derniers.
Bibliographie
Still AT, Tricot P. Autobiographies. Vannes: Éditions Sully; 2013 ; https://www.osteopathie.org ; http://www.osteopathie-recherche.fr ; L’Hermite P-L. Introduction à la science ostéopathique: approche épistémologique. 2020.