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L’ostéopathie, une solution pour les difficultés de succion du bébé pendant l’allaitement

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L’organisation mondiale de la santé recommande d’allaiter exclusivement le bébé pendant les 6 premiers mois et soutient le maintien de l’allaitement pendant 2 ans ou plus avec une alimentation complémentaire appropriée. Malheureusement, force est de constater que peu de mères atteignent ces recommandations. Selon les statistiques, c’est au cours du premier mois qu’il y a plus de chances que l’allaitement s’arrête avec une mère sur deux signalant des problèmes biomécaniques à la succion de leur enfant durant cette période. Les conseillers en lactation certifiés IBCLC sont les professionnels de l’allaitement et sont formés pour évaluer les difficultés et apporter un soutien aux mères durant cette période. Cependant ces professionnels se sentent souvent impuissants lorsque les difficultés de succion biomécaniques persistent chez les nourrissons malgré leurs conseils. Des chercheurs ont donc cherché à évaluer l’effet d’un traitement ostéopathique couplé à des consultations en lactation traditionnelles sur la capacité des nourrissons à s’allaiter correctement.  

Méthode

97 « binômes » mère-enfant ont été recrutés pour participer à l’étude. Les critères d’admissibilités comprenaient les mères allaitantes ayant des nourrissons de moins de 6 semaines présentant des dysfonctionnements biomécaniques à la succion reconnus et évalués par des professionnels de l’allaitement. Les chercheurs ont ensuite séparé cet effectif en deux groupes distincts :

  • Un groupe de bébés traités par l’ostéopathie en plus des consultations en lactation traditionnelle (49 bébés)
  • Un groupe contrôle de bébés suivant les consultations en lactation traditionnelles et recevant un traitement ostéopathique simulé. (48 bébés).

Pour évaluer la capacité des nourrissons à allaiter, les chercheurs ont utilisé trois outils :   1) Tout d’abord, ceux-ci ont utilisé l’outil d’évaluation LATCH. Chaque lettre correspond à un élément qui évalue une partie de la biomécanique de la succion :

  • L : Évaluation de la prise du mamelon (capacité de la langue, lèvres et mâchoires à bouger dans tous les plans de mouvements)
  • A : Évaluation de la déglutition audible (efficacité d’aspiration du bébé)
  • T : Évaluation l’état du mamelon à la fin de l’alimentation
  • C : Évaluation du confort des seins ou des mamelons pendant l’allaitement
  • H : Évaluation du positionnement correct du bébé au sein

Pour chaque lettre, il est possible d’obtenir un score de 0, 1 ou 2, ce qui représente en tout une note sur 10. Plus la note finale est élevée, mieux les nourrissons s’allaitent. Les chercheurs ont utilisé l’outil LATCH et ont établi une note avant le début de l’étude (T0), directement après le traitement ostéopathique et le traitement simulé (T1) et deux jours après les traitements (T3). Ils ont ensuite comparé les notes des bébés entre le groupe ayant reçu un traitement ostéopathique et ceux n’en ayant pas reçu.   2)  Les chercheurs ont également évalué la douleur au mamelon a T0, T1, T3 et T10 (une semaine après).   3) Les chercheurs ont enfin téléphoné aux mères une semaine plus tard (T10) pour collecter des données permettant d’avoir le point de vue de la mère sur les résultats de l’intervention sur leur allaitement. Il est à noter que les mères n’avaient aucune idée de si leur bébé avait été réellement traité ou non afin d’éviter un maximum de biais.

Résultats

Voici un graphique qui résume les résultats en comparant les scores LATCH moyens aux trois temps de mesure du groupe traité (treatment group) et du groupe non traité (control group).

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Il existe donc une différence statistique et clinique entre les deux groupes avec un score LATCH qui s’est amélioré davantage dans le groupe traité que dans le groupe contrôle. Les chercheurs ont également noté une diminution significative de la douleur au mamelon des mères entre T1 et T3 dans le groupe traité ce qui n’était pas le cas dans celui non traité. Ceci n’a pas persisté perdurer une semaine après (ils expliquent ce constat par le fait que la douleur au mamelon était déjà faible au départ de l’étude). Du point de vue des mères, il y avait une différence statistiquement significative entre les deux groupes en faveur du groupe ayant reçu un traitement ostéopathique en ce qui concerne la capacité de l’enfant à ouvrir leur bouche largement, mordre, et la tendance de l’enfant à glisser sur le mamelon. Les mères n’ont rapporté aucun effet secondaire grave ou inattendu. Enfin, les mères des bébés ayant reçu le traitement ostéopathique ont signalé que leurs enfants dormaient mieux, semblaient apaisés et dormaient mieux sur le dos alors qu’ils étaient mal à l’aise avant le traitement ostéopathique.  

Commentaires et conclusions

Cette étude souligne qu’un seul traitement ostéopathique associé à des soins habituels (consultation de lactation) chez les nourrissons présentant des difficultés de succion biomécaniques est plus efficace pour améliorer l’allaitement que les soins habituels seuls. Les chercheurs indiquent également que des traitements supplémentaires auraient sûrement permis d’obtenir des résultats encore meilleurs. Pour expliquer ces résultats, les chercheurs ont noté que les ostéopathes ont retrouvé beaucoup de tensions au niveau occipital et sous occipital (haut de la nuque). Un relâchement de celles-ci durant le traitement ostéopathique a pu améliorer l’amplitude de mouvement de la tête du nourrisson et optimiser le fonctionnement du nerf hypoglosse qui passe à cet endroit et qui est essentiel pour les mouvements de la langue. Ces résultats constituent donc une première étape permettant de mieux comprendre comment les ostéopathes peuvent intervenir pour des problèmes de ce type. Cela ouvre la voie à l’exploration de l’efficacité du travail collaboratif entre l’ostéopathie et les professionnels de l’allaitement durant la périnatalité.  

Références

Efficacy of an Osteopathic Treatment Coupled With Lactation Consultations for Infants’ Biomechanical Sucking Difficulties // Herzhaft-Le Roy J, Xhignesse M, Gaboury I // J Hum Lact. 2017 Feb;33(1):165-172.


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