Afficher le menu

Quels liens entre système nerveux autonome et céphalées primaires

migraines et cephalees osteopathie

Impact du traitement membraneux et de C0/C1/C2/C3 en fascias sur les céphalées primaires chroniques.Etude clinique randomisée réalisée en 2020 avec population témoin. Par PARRAUD Aline. L’ostéopathie se distingue de toute autre forme de thérapie en particulier par son approche neurovégétative du patient. Les « Humeurs » autrefois décrites et prises en charge au niveau médical, ont laissé la place aux analyses biologiques qui relèvent les déséquilibres métaboliques sans pour autant intégrer de dosage relatif à l’activité « orthosympathique » ou « parasympathique » de l’organisme. L’ostéopathe reste donc un des rares praticiens à questionner et tester cet aspect pourtant fondamental de l’équilibre physiologique de l’individu.

La dystonie neuro-végétative à l’origine des crises

Le concept ostéopathique de dystonie neurovégétative associe entre autres des typologies de céphalées à différents cas de déséquilibre, ainsi on distingue :

a) Cas de l’hyperparasympathicotonie

La Céphalée blanche : le patient est mieux en position couchée pour éviter la vidange gravitaire et contrer ainsi l’état d’hypoperfusion crânienne[1].

b) Cas d’une hypersympathicotonie

La Céphalée rouge : Le patient est mieux en position debout, il est réveillé la nuit afin de favoriser la vidange gravitaire en lien avec l’hyperhémie crânienne[1].

c) Une mise en application de ce principe pour expliquer le Reflexe Trigemino Vasculaire

Les recherches du Professeur Aubineau (1996)[2] suggèrent un nouvel éclairage pour comprendre le mécanisme de déclenchement de l’inflammation neurogène primaire. Dans la migraine, la transmission de l’influx douloureux se fait via les nerfs sensoriels qui suivent les grands axes artériels, comme l’artère méningée moyenne. La migraine proviendrait de la stimulation des artères de la dure mère et des sinus veineux via le nerf trijumeau, et ce par des nerfs les rejoignant (C2: grand et petit occipital..) qui projetterait la douleur au niveau fronto-oculaire ou temporale. Elle serait également en lien avec le plexus vertébro-basilaire, pour le tiers postérieur, qui donnerait une douleur occipitale au travers de l’artère méningée postérieure[4]. Le cerveau céphalalgique connaîtrait ses crises suite à un dysfonctionnement du système nerveux autonome et notamment une diminution de l’activité sympathique. Il existe au niveau cérébral une interaction très importante entre systèmes autonomes et sensoriels dans la migraine. L’activité sympathique a un effet inhibiteur sur le parasympathique, donc sur l’activité sensorielle et sur celle des mastocytes. Il existe un équilibre chez le sujet sain, équilibre qui va protéger le sujet de l’inflammation neurogène. Dans ce contexte de céphalée appelée «céphalée blanche»[1], il y a une diminution de l’influx sympathique qui induit donc une augmentation parasympathique, une augmentation de l’activité sensorielle et mastocytaire. Cet état est donc naturellement pro-inflammatoire. Tout facteur environnemental (rythme jour-nuit, cycles hormonaux, stress, climat, etc) exacerberait ce déséquilibre neurovégétatif, déclencherait le réflexe trigémino-vasculaire et donc la migraine.

La sphère digestive victime du déséquilibre neurovégétatif … pas toujours !

« Nous sommes ce que nous mangeons » disait Hippocrate il y a 2500 ans[5]. On peut de nos jours enrichir ce concept ainsi: « Nous sommes à l’image de notre microbiote…» L’importance du microbiote intestinal n’est plus à démontrer, il apparaît fondamental dans les mécanismes immunitaires et serait en connexion directe avec le système nerveux central. Ainsi, les récentes avancées dans le domaine de la neuro-gastro-entérologie ont permis d’établir un lien chez les patients atteints de la maladie de Parkinson avec des anomalies structurelles des neurones centraux et entériques, associées à un déséquilibre de la population bactérienne intestinale. Il a été également récemment prouvé que la dysbiose et les perturbations du système immunitaire sont fréquemment présents dans les troubles dépressifs. Il apparaît ainsi dans plusieurs travaux de recherche[6] que des problématiques digestives sont souvent présentes chez les patients migraineux. Les symptômes associés de type nausées, vomissements, nous confortent dans l’idée développée précédemment que le système nerveux neurovégétatif joue un rôle clé dans le mécanisme de la céphalée. Une récente étude présentée en 2016 a même établi un lien génétique entre migraine et Syndrome de l’Intestin Irritable[7]. La prise de probiotiques apporterait également, par son action d’équilibration sur la flore intestinale, une amélioration sur les migraines[8]. Il semble dès lors primordial de prendre en compte le système digestif chez le patient migraineux et de tenir compte du fait que, potentiellement, la cause primaire peut se trouver à son niveau. Qui plus est, dans une démarche de prise en charge globale du patient, s’il est essentiel d’établir le type de « profil » neurovégétatif auquel il se rapporte, il semble également important de le respecter. Ainsi le praticien confronté à un motif de constipation ou de céphalée chronique en lien avec un schéma d’hypersympathicotonie ou d’hyposympathicotonie, doit-il se questionner sur l’aspect ponctuel de cet état (épisode momentané d’anxiété…) ou sur sa « normalité ». Dans un cas il sera sans doute intéressant de procéder à un rééquilibrage « ortho » vs « para » en parallèle du traitement somatique, dans l’autre, un approche de type « Hygiène de vie » pourra se révéler plus efficace.

Bibliographie

1. B RIVET. Système Neuro-Végétatif. COP-DCOE1. 10/2006. Page 37 2. C. GIRIAT. L’ostéopathie au cœur des céphalées, la migraine d’excitabilité anormale d’origine mécanique endocrânienne, Sauramps Medical, 2016, p. 48. 3. P.J. Goadsby, R.B. Lipton, M.D. Ferrari. Migraine- Current understanding and treatment. N Engl J Med, Vol. 346, No. 4 · January 24, 2002 4. L. Florette. Les structures anatomiques à investiguer chez un patient migraineux. Mémoire ISO Paris. 2017. 5. Christian Defrance de Tersant. Les sinus veineux du crâne Une clé des migraines. De Verlaque 1993. 6. A. Pradalier, J.F. Devars Du Maine. Migraine et troubles digestifs, Gastro-entérologie Clinique et biologique, vol. 29, n° 2, mars 2005 7. V. Bargoin. Le lien entre migraine et intestin irritable se confirme, Medscape, 3 Mai 2016. 8. Y.J. Dai et all. Potential Beneficial Effects of Probiotics on Human Migraine Headache, A Literature Review, Pain Physician, Février 2017. Références : Etude réalisée en 2020-21 par l’auteur de l’article, Aline PARRAUD, dans le cadre de son mémoire de fin d’Etudes au Collège Ostéopathique de Provence Aix-Marseille CC0 (Aucun Droit réservé).


Autres publications à découvrir

Consulter un ostéopathe