L’ostéopathie, une alternative potentielle à certaines chirurgies ?
Un article est paru récemment dans le Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy, où un groupe de scientifiques a essayé de comparer l’efficacité de la thérapie manuelle par rapport à la chirurgie, sur la pathologie du canal carpien.
Rappel du syndrome du canal carpien
Le syndrome du canal carpien est une pathologie courante qui correspond à la compression du nerf médian lors de son passage dans un petit canal au niveau du poignet. Ce rétrécissement est le plus souvent dû à des petits traumatismes répétés sur le poignet (poignet continuellement posé sur la table lorsqu’on utilise une souris d’ordinateur par exemple), mais peut être également provoqué par de l’arthrose ou des tendinites au niveau du poignet.
Ce nerf médian assure la sensibilité des pulpes du pouce, de l’index et du majeur et il assure également la contraction des muscles du pouce. Les patients atteints de cette pathologie ressentent le plus généralement un engourdissement, des fourmillements et parfois des douleurs au niveau du pouce, de l’index et du majeur. Cette pathologie peut même finir par entraîner une perte de force au niveau des muscles du pouce, ce qui peut créer un lâchage des objets dans la vie quotidienne. Le traitement le plus souvent proposé à ces patients est une chirurgie, afin d’ouvrir le petit canal où passe le nerf pour en finir avec sa compression. Nous sommes toutefois en mesure de nous demander s’il n’existerait pas d’autres alternatives moins invasive, telles que l’ostéopathie, qu’un traitement chirurgical pour traiter cette pathologie ?
Déroulement de l’étude scientifique
Méthode
100 femmes avec un syndrome du canal carpien ont été réparties aléatoirement :
- un groupe traité par la thérapie manuelle (50 patients) ;
- un groupe traité par la chirurgie (50 patients).
Les scientifiques vont chercher à évaluer après ces deux traitements certains facteurs :
- la fonctionnalité de la main chez ces patientes ;
- leur force de préhension avec le pouce (capacité de serrer quelque chose entre deux doigts) ;
- l’évolution de la sévérité des symptômes ;
- l’amplitude de mouvement cervical.
Le traitement manuel était un traitement allant de la région cervicale jusqu’à la main, où le thérapeute va soulager toutes les tensions se trouvant sur le passage du nerf pour que celui-ci fonctionne le mieux possible (le nerf part des cervicales jusqu’à la main).
Résultats
Un mois après les traitements, les scientifiques se sont rendu compte de deux choses particulièrement intéressantes :
- Les femmes traitées par un traitement manuel avaient une amélioration statistiquement significative de la fonction de leur main par rapport à celles traitées par la chirurgie !
- Les patientes les plus symptomatiques ayant bénéficié d’un traitement manuel avaient également des résultats significativement meilleurs, quant à la force de préhension entre le pouce et l’index et entre le pouce et le petit doigt, par rapport aux femmes traitées par chirurgie.
À trois, six et douze mois après les traitements manuels et chirurgicaux, les symptômes et la force de préhension se sont améliorés chez les deux groupes de femmes traitées de manière similaire. Aucun changement significatif dans l’amplitude des mouvements cervicaux n’a été retrouvé dans chacun des deux groupes. Les deux groupes ont signalé des améliorations de la sévérité des symptômes qui n’étaient pas significativement différentes à toutes les périodes de suivi. Récapitulatif des résultats de l’étude sous forme de graphiques
Conclusions et commentaires
Cette étude est particulièrement intéressante car elle montre qu’à court terme, le traitement manuel aboutit sur de meilleurs résultats que la chirurgie. À long terme, les effets du traitement manuel et de la chirurgie sont similaires. Il est particulièrement important de diffuser des recherches comme celles-ci aux patients, car cela peut leur permettre de se rendre compte que le traitement chirurgical pour cette pathologie n’est pas une fatalité et que des solutions alternatives existent. Quand on connait les potentiels risques associés à la chirurgie, à l’anesthésie, à l’hospitalisation en général, les traitements manuels comme l’ostéopathie peuvent être une réelle solution judicieuse pour toutes ces personnes atteintes de ce syndrome. Bien entendu, l’ostéopathie n’entre en aucun cas en compétition avec la chirurgie. Celle-ci est parfois indispensable selon la gravité de l’atteinte qui sera objectivée par votre ostéopathe ou votre médecin. Cependant, pour certains patients, celle-ci pourrait véritablement permettre de désengorger les services de chirurgie (pour cette pathologie en question bien entendu). L’ostéopathe ne vient en aucun cas prendre le travail du chirurgien. Au contraire, des études comme celles-ci ne peuvent qu’encourager la pluridisciplinarité entre l’ostéopathie et les différentes professions de santé comme la chirurgie, afin d’arriver à un objectif qui nous est tous commun : soulager nos patients.
Références
The Effectiveness of Manual Therapy Versus Surgery on Self-reported Function, Cervical Range of Motion, and Pinch Grip Force in Carpal Tunnel Syndrome: A Randomized Clinical Trial. Authors:César Fernández-de-las-Peñas, PT, PhD, DMSc1, Joshua Cleland, PT, PhD, OCS, FAAOMPT2–4, María Palacios-Ceña, PT1, Stella Fuensalida-Novo, PT1, Juan A. Pareja, MD, PhD5, Cristina Alonso-Blanco, PT, PhD1Published:Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy, 2017 Volume:47 Issue:3 Pages:151 161 DOI:10.2519/jospt.2017.7090