Le confinement m’a ouvert les yeux sur ma pratique de l’ostéopathie
La jeunesse et la sagesse de Clémentine Pillard, ostéopathe à Chaumont, étaient aux micros du comptoir de Oostéo pendant le confinement. Dans cette rubrique « portraits d’ostéopathes », que nous alimentons semaine après semaine grâce aux témoignages de plusieurs dizaines d’ostéopathes, nous évoquons autant de thématiques liées à l’ostéopathie que d’autres, plus légères.
Salut Clémentine, peux-tu nous raconter ton parcours d’ostéopathe ?
Une fois diplômée du COS Europe Strasbourg, j’ai décidé de retourner dans ma ville natale pour m’y installer. Ce n’était pas une chose facile, parce que tu sais, en tant que grande habituée à la vie en ville, j’ai dû peser le pour et le contre avant de rentrer chez moi en Haute-Marne, à Chaumont, pour exercer mon métier d’ostéopathe. C’est un environnement différent, ça change des grandes villes, mais je suis tellement contente d’être revenue chez moi ! Ici il n’y a pas de bouchons, pas de pollution, la nature est à portée de main et je gagne un temps fou, ce sont des conditions de travail idéales, il n’y a rien de mieux après une journée difficile. Toutefois, ce n’est pas si simple de s’installer en libéral dans ta ville natale, parce que les gens ne t’attendent pas pour vivre, et lorsque je suis revenue, beaucoup de mes amis d’époque avaient quitté la ville, chacun de leur côté. Tu as le sentiment de tout recommencer à zéro, et c’est exactement ce qui arrive quand tu ouvres un cabinet, il faut du temps et de la patience pour se construire une patientèle.
Que préfères-tu le plus dans le métier d’ostéopathe ? Et au contraire, quelle en est la plus grande difficulté ?
Tout est intrinsèquement lié. Tout avantage lié à notre statut vient avec son lot d’inconvénients. Je dirais que ce que je préfère, c’est la liberté et l’autonomie, sans hésiter. Mais cette liberté peut également faire peur, elle peut faire émerger un sentiment de solitude, car on se sent vraiment seul au départ. Quand tout se passe bien, c’est facile, mais quand ça se passe moins bien, je trouve que le sentiment de solitude est encore plus grand. Pour ce qui est le plus compliqué selon moi, c’est l’angoisse et l’anxiété liées aux aspects indirects à la prise en charge ostéopathique. Je trouve qu’on devrait insister un peu plus en études sur le modèle bio psycho-social, qui est selon moi ce qu’il y a de plus subtil dans la prise en charge ostéopathique. Au final, c’est ça qui fait la différence entre chaque praticien, l’expérience s’acquiert avec le temps, mais je pense qu’en école, on ne nous forme pas assez à la réalité du terrain. Enfin, je dirais que lorsque l’on est passionné par ce que l’on fait, cela devient très compliqué de lâcher-prise, surtout au cours des premières années de pratique. On pense ostéopathie tout le temps, mais on se retrouve à donner des conseils aux patients qu’on n’applique pas soi-même, comme le repos par exemple.
Aurais-tu des anecdotes à nous raconter ?
Je n’ai pas d’anecdote super marrante qui me vienne à l’esprit, mais j’aimerais insister sur toutes les petites attentions du quotidien que j’ai la chance d’avoir par bon nombre de mes patients. Ces petites attentions mettent du baume au cœur, ça peut être le fait de m’offrir des œufs frais du matin, ou apporter un peu du jardin, des chocolats à Pâques, etc. C’est surtout ce type d’histoires qui m’anime et qui embellit mes journées.
Que ferais-tu si demain, tu gagnais à l’Euromillion ?
Je vais te donner une réponse très bateau, mais je garderais le secret assez longtemps pour pouvoir faire des virements secrets à tous ceux que j’aime, pour qu’un jour leur banquier les appelle pour leur annoncer : « monsieur ? Vous savez d’où vient ce virement d’un million d’euros ? ». Le fait de donner est magnifique, et aider ses proches est très important pour moi ! Ensuite, je continuerais à voyager, tout en restant très active dans des associations dans lesquels je suis déjà engagée, mes gains à la loterie me permettraient de donner encore plus. Enfin, une chose est sûre : je continuerais à travailler, les interactions sociales sont fondamentales pour moi. Mes journées seraient sûrement moins chargées, mais je ne pourrais pas m’arrêter. J’étudierais beaucoup je pense.
En parlant de ça, quels livres recommanderais-tu ?
Le confinement m’a montré à quel point la lecture m’avait manquée. J’ai pris la résolution de lire à nouveau 20-30 minutes par soir, quand le confinement sera levé. J’ai relu des classiques qui ont pris un sens différent de ma première lecture, comme La Peste de Camus. Ça fait beaucoup d’écho avec ce qu’on vit en cette période je trouve. Tu vois par exemple l’égoïsme du sportif qui tient à sa pratique régulière, le médecin qui regrette presque son choix d’études, les frontières fermées, la panique générale, etc. J’ai trouvé cette deuxième lecture beaucoup moins abstraite que la première fois, je ne pensais pas à quel point ces écrivains étaient des génies intemporels. Sinon, j’adore le philosophe Frédéric Lenoir, et j’ai lu « La Consolation de l’ange » au début du confinement, qui est très émouvant et que je recommande vraiment ! C’est très compliqué de choisir un top 3, mais dans mes lectures du confinement je compléterais le podium avec le livre de Véronique Olmi, qui raconte l’histoire de Joséphine Bakhita, l’esclave rendue libre en Italie et qui a décidé de devenir religieuse. J’ai conscience que ce ne sont pas des livres très légers, mais ils sont très prenants et font beaucoup réfléchir.
Quels conseils donnerais-tu à un jeune ostéopathe comme toi ?
Je pense que l’on passe tous à un moment donné par un manque de confiance en soi, ce qui n’est pas très grave si on arrive à le surmonter petit à petit, grâce à l’expérience, mais il faut rester vigilant pour que ça ne fasse pas « miroir » sur les patients. De fait, une des premières choses à faire est de travailler cette confiance en soi. Cela passe par le fait de toujours échanger, communiquer, et rester curieux. En effet, la curiosité permet de s’ouvrir au monde et aux autres, elle permet de toujours chercher à comprendre, à savoir, à vouloir s’enrichir, et de ne jamais rien prendre pour acquis. Par exemple, ce n’est pas parce que tu penses traiter ton 500ème lumbago que tu es face à un lumbago. C’est ça aussi le danger de l’expérience, tu gagnes en expérience et en confiance, mais cela ne doit en aucun cas faire baisser ta vigilance et ton examen, parce que tu peux te tromper ! Cela m’amène à un dernier conseil primordial : l’humilité. J’ai souvent eu de bons retours de patients, qui me remerciaient de les avoir guéris, et il m’a fallu prendre sur moi pour réaliser qu’avant de se jeter des fleurs ou de prendre la grosse tête, il faut avant tout se dire que c’est grâce à lui. En soi, c’est le corps qui a réagi, certes en tant qu’ostéopathe nous avons été un point d’appui, mais on a juste posé nos mains au bon endroit, en quelques sortes. Enfin pour moi le hasard n’existe pas. Il faut accepter l’échec, et apprendre de la vie. Il faut faire confiance en la vie et rester à sa place, la vie fera le reste. L’équipe Oostéo remercie Clémentine Pillard pour le temps qu’elle nous a accordé lors de cette interview, et les échanges plein de bienveillance que nous avons pu avoir. Nous vous invitons à consulter son site internet, ostéopathe à Chaumont et à la contacter au 09.83.85.54.45 pour plus d’informations.Pour échanger avec nous, ou nous faire part de votre expérience, n’hésitez pas à nous contacter par formulaire via notre plateforme.