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A l’origine de l’ostéopathie : Andrew Taylor Still

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À l’instar de Gustave Eiffel pour la Statue de la Liberté, il n’y aurait pas d’ostéopathie sans Andrew Taylor Still. L’idée n’est pas de retracer méticuleusement sa biographie, mais bel et bien de comprendre qui était cet homme, libérateur des dogmes de la médecine traditionnelle. Andrew est le Moïse de l’ostéopathie, le Prophète qui a ouvert le chemin vers une médecine alternative face à l’obstacle de la médecine traditionnelle orthodoxe américaine, au grand dam de la religion et du corps médical de l’époque. Andrew Taylor Still (1828 – 1917), fils du pasteur Abraham Still, grandit dans le Missouri aux États-Unis. Son enfance fut baignée par l’activité fermière et chasseresse, mais déjà très jeune, il exprimait sa volonté d’aider son prochain et désirait apprendre la médecine, ce qu’il fit d’abord seul, puis avec l’aide de son père. Sa méthodologie d’ingénieur, ainsi que son désir de comprendre la logique de la santé et de la maladie lui permirent la recherche de nouvelles conceptions de la médecine.

« Le devoir du praticien n’est pas de guérir le malade mais d’ajuster une partie ou l’ensemble du système afin que les fleuves de la vie puissent s’écouler et irriguer les champs desséchés. »

Une anecdote croustillante sur le jeune médecin américain révèle les doutes qu’il possède envers la médecine traditionnelle de l’époque. En effet, il semblerait que pendant l’adolescence, Andrew ait perdu quelques dents à cause d’un traitement médical inadapté, ce qui, en plus d’empêcher l’adolescent de croquer la vie à pleine dent, renforça ses doutes concernant les méthodes médicales employées de l’époque.

« Toutes les autorités que j’avais rencontrées ne pouvaient détacher leurs yeux des effets pour les tourner vers les causes ».

En outre, le docteur Still fait une découverte stupéfiante dans les années 1860 : le nombre de décès d’enfants est en proportion moins important dans les régions dans lesquelles le nombre de médecins est moins important. Sa rupture avec la médecine conventionnelle survient très probablement en 1865 lors d’une tragédie frappant de plein fouet la famille Still. La Mort emportera avec elle trois de ses enfants atteints de méningite cérébro-spinale. C’est précisément à la suite de ce drame qu’Andrew deviendra obsédé par l’idée de soigner plus efficacement et se plongera dans l’étude intensive du corps humain, n’hésitant pas à déterrer des corps d’indiens pour en étudier l’anatomie. Rappelons qu’à l’époque, les États-Unis sont en pleine Guerre de Sécession, prémisse de l’abolition de l’esclavage, que soutenait vivement A. T. Still. Afin de prouver sa vérité aux yeux de tous, le père de l’ostéopathie n’hésitait pas à se promener avec un sac rempli d’os, qu’il utilisait comme preuves afin de démontrer ce qu’il avançait.  

« Enlevez tous les obstacles et lorsque cela est fait intelligemment, la nature fera gentiment le reste. »

Tel un courageux saumon prêt à remonter les rivières et affronter les griffes des grizzlis pour aller pondre ses œufs, Andrew Taylor Still a vogué à contre-courant pour apporter une nouvelle orientation thérapeutique, en se dressant contre les dogmes du clergé et de ses confrères. Mais il en fallait plus pour décourager le thérapeute qui, certainement motivé par quelques vers d’Orelsan, gardait à l’esprit certains de ses couplets : « si c’était si facile tout le monde le ferait, qui tu serais pour réussir où tous les autres ont échoué ? »

« L’Ostéopathe supprime l’obstruction, et laisse le remède de la Nature – le sang artériel – être le médecin. »

Toutefois, la consécration arrive en 1874 lorsque le thérapeute parvient à guérir un enfant atteint de dysenterie en n’utilisant que ses mains. C’est à cet instant qu’il comprend qu’il est sur le point d’élaborer une nouvelle approche médicale respectant les lois de la nature et de la vie, qui deviendra l’ostéopathie. Le 22 juin 1874 il affirmera avoir eu une vision lui confirmant que l’homme avait été créé avec tous les fluides et tous les onguents lui permettant de s’auto-guérir : « Le corps est la pharmacie de Dieu ».

« Notre école est jeune mais les lois gouvernant la vie datent de la nuit des temps. »

C’est à la fin des années 1880 que Andrew Taylor Still décidera de former ses enfants à l’ostéopathie, afin de démontrer que c’est un art transmissible et non un don surnaturel. C’est ainsi que l’American School of Osteopathy (ASO) voit le jour à Kirksville en 1892. Elle sera la première institution d’ostéopathie de l’Histoire. Le « Vieux Docteur » meurt à l’âge de 89 ans le 12 décembre 1917. C’est à cette époque qu’un de ses élèves, J. M. Littlejohn, originaire de Grande-Bretagne retourne à Londres fonder la British School of Osteopathy qui sera à l’origine de la naissance du mouvement ostéopathique en Europe. Nous laissons à William Smith, représentant en instruments médicaux et pointure de la médecine en fin de 19ème siècle, le soin de conclure cet article en le citant après la mort d’Andrew Taylor Still: « Laissez-moi vous dire que l’ostéopathie ne peut être évaluée que par un esprit clair et sans préjugé. Si un homme, un médecin, vient à Kirksville et entend ce qu’il entendra tout en raisonnant à partir de ce qu’il a appris dans une école médicale, la seule conclusion possible pour lui est que l’ostéopathie est une tromperie et une illusion, une gigantesque foutaise destinée à extorquer tous les mois des centaines de dollars aux malades et aux affligés. Mais, si l’investigateur se donne la peine d’approcher le problème comme s’il n’y connaissait rien (et quatre années d’expérimentation de l’ostéopathie, me permettent d’affirmer que les docteurs n’y connaissent pas grand-chose), de ne rien accepter pour acquis, de n’accepter aucune déclaration pour ou contre l’ostéopathie, mais de se contenter d’interroger une douzaine de patients en les considérant comme des hommes et des femmes sensés et non comme des hystériques, prêts pour l’asile d’aliénés ou comme des menteurs patentés, alors, s’il est homme honnête, il devra conclure, comme je le fis, qu’il existe encore des choses dans l’art de guérir qui ne sont pas connues de la profession médicale. »


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