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Impuissance masculine, et si c’était le périnée?

impuissance osteopathie

L’impuissance masculine c’est surtout l’impossibilité de maintenir une érection satisfaisante. Cela peut être du à un problème mécanique, neurologique, vasculaire, somato-émotionnel. Le sujet étant difficile à aborder, il est mal investigué. Beaucoup d’hommes souffrent donc de difficultés dans leur vie sexuelle sans en trouver la cause. Pour comprendre l’érection il faut en connaitre les fondements.

L’érection : comment ça marche ?

Comme le retiennent les étudiants en ostéopathie : l’érection est sacrée, l’éjaculation est sympathique. Joli non? Et bien c’est précisément comme ça que ça marche. La possibilité d’une érection provient de l’innervation adéquate de la verge et de ses corps spongieux et caverneux par les nerfs pudendaux qui proviennent du sacrum. Ce sont donc les racines nerveuses sacrés. Par raccourci, l’érection est sacrée. L’éjaculation quand à elle, est un mécanisme crée par le système nerveux central, le cerveau, via le système orthosympathique, autrement appelé système sympathique. L’éjaculation est sympathique. Coïncidence des termes? On ne le saura guère….

Un fondement déstabilisant

Reprenons les bases anatomiques pour comprendre d’où peut venir le problème. Comme nous l’avons vu, il y a le sacrum. Votre bassin donc. C’est une bassine composé de quatre os :

  • deux os iliaques sur les côtés, qui forment en avant la symphyse pubienne
  • Un sacrum au milieu et à l’arrière qui s’articule avec les iliaques, les articulations sacro-iliaques
  • Un coccyx, sous le sacrum, qui forme l’articulation sacro-coccygienne.

Votre bassin, via votre sacrum, s’articule avec vos lombaires, la fameuse articulation L5/S1 (L5 pour 5ème lombaire, S1 pour la première « vertèbre » sacrée). Votre bassin est antéversé dans sa position normale. C’est à dire qu’il « verse » en avant. L’articulation avec la colonne vertébrale étant en arrière on voit que le centre de gravité n’est pas central, mais légèrement en avant. A la base de votre bassin on retrouve le fameux plancher pelvien. Le périnée. Beaucoup de personnes pensent que le périnée est une histoire de femmes, ce qui est faux. Le périnée est une histoire de mammifères. Et les problèmes de périnée sont une histoire de bipèdes. En effet les animaux à quatre pattes ont aussi un périnée, mais comme leurs viscères ne reposent pas dessus, mais uniquement sur la sangle abdominale, rien ne vient appuyer sur le périnée, qui n’a rien d’un plancher chez eux. Ce périnée n’est pas un muscle, mais c’est un regroupement d’une dizaine de muscles, qui prennent leur accroche sur les différents os du bassin. Si on devait le représenter, le périnée aurait une forme de montgolfière qui a la contraction monterait vers le haut. On comprend donc qu’il n’est pas une bonne idée de le presser vers le bas. Et nous comprenons que notre centre de gravité étant déjà en avant, il est inutile de chercher à aller encore plus loin à l’avant et en bas. Un périnée engagé, c’est un périnée qui remonte. C’est un ventre qui se creuse. C’est un nombril qui veut aller se coller au dos. En synergie avec le périnée nous retrouvons nos muscles abdominaux. Ils sont au nombre de trois :

  • en surface : les Grands Droits (les tablettes de chocolat). Ils s’accrochent en haut à votre sternum et à vos côtes, et en bas à votre pubis. Il y a en a deux, un droit et un gauche, reliés par une ligne aponévrotique verticale centrale, la ligne blanche. Il y a aussi des lignes aponévrotiques horizontales dont le nombre varie selon les gens ( entre 2 et 4 lignes verticales).

NB : plus vos grands droits sont mis à profit plus ils grossissent entre les lignes aponévrotiques. Il n’y a aucun rapport entre la musculature et le nombre de tablettes de chocolat ! Les nombres de carrés sont propres à chacun. Par ailleurs ce n’est pas parce que vos tablettes sont très visibles que vous utilisez correctement vos abdominaux. Nous y reviendront. Les grands droits servent à rapprocher le tronc du bassin en faisant une flexion avant. Ils servent aussi à stabiliser le tronc lors d’un port de charge.

  • En dessous des grands droits, on retrouve les obliques. De chaque côté vous avez un oblique interne et un oblique externe. Ces muscles, comme leur nom l’indique, sont disposés de manière oblique entre les côtes et les crêtes iliaques. Ils sont latéraux.

Ils servent à obtenir des torsions d’un côté ou de l’autre selon que vous recrutiez l’interne ou l’externe. Contractés des deux côtés en même temps, ils participent à stabiliser le tronc. Ils permettent le gainage. Ils donnent une sensation d’amincissement et d’agrandissement.

  • Tout en dessous nous avons le transverse abdominal. Il part des vertèbres lombaires, et vient se terminer sur la ligne blanche à l’avant. C’est une ceinture lombaire naturelle. C’est la base du gainage.

Lorsque vous l’engagez, il stabilise votre tronc et protège vos lombaires. Une partie de ce transverse passe au dessus des obliques et des grand droits, c’est le transverse antérieure. Il est situé de part et d’autre des branches pubiennes. Ce muscle fonctionne en synergie complète avec le périnée. Tout cela est bien gentil, mais quel est le rapport avec la sexualité masculine? Et bien parce que la verge prend son origine dans un repli d’aponévrose partagé entre le périnée et les abdominaux. Le scrotum est dans une poche appartenant à votre périnée.

Et alors?

Alors si vous utilisez mal votre périnée et vos abdominaux, il peut y avoir des conséquences d’une part sur la base de votre verge (innervation et vascularisation), d’autre part sur votre bassin et donc votre sacrum, qui comme vous vous rappelez est la base de votre érection.

Quels sont les facteurs qui peuvent abimer notre fondement et donc notre érection?

Ils sont multiples. Mais de manière générale il s’agit de tout ce qui va mettre de la pression sur votre abdomen, et engager des forces de poussées vers le bas. Chez une femme, on le sait, les poussées vers le bas peuvent aboutir à une faiblesse du périnée, des douleurs lombaires, des incontinences, et au final des descentes d’organes. Cela s’explique par le fait que le nombre d’ouverture du périnée chez une femme est plus importante, et que leur bassin est conçu pour pouvoir en faire sortir un bébé. Chez un homme ce n’est évidement pas le cas. La pression a du mal à sortir. Et se répercute partout où l’on retrouve des faiblesses. C’est ainsi que chez beaucoup d’hommes en situation d’hyperpression abdominale on va retrouver des hernies inguinales, des hernies ombilicales, des éventrations (rupture de la ligne blanche), des hernies scrotales, des hémorroïdes (lire notre article sur les Bienfaits de l’Ostéopathie face aux hémorroïdes), des difficultés érectiles. L’hyperpression abdominale est essentiellement créée par :

  • le sport, et en particulier les fameux abdominaux crunch. Le relevé de buste sans avoir au préalable engagé son périnée et rétroversé son bassin, amène toute la pression à l’avant, pousse encore plus loin le centre de gravité. Et au final au lieu de développer votre sangle abdominale, vous poussez vos viscères contre votre périnée en écrasant au passage le système veineux, artériel et nerveux.

Alors certes vous faites travailler en force vos grands droits et vous avez vos tablettes. Mais vous finirez avec des hémorroïdes, des douleurs lombaires, et des pannes sexuelles. Était-ce vraiment le but? A la place des crunchs, préférez les planches, le gainage horizontal et latéral, les relevés de jambes, et finalement tous les exercices de Pilates ou de Yoga. L’essentiel étant de contracter son périnée avant de faire le mouvement (pensez à retenir une envie d’aller à la selle, vous sentirez de suite l’engagement de votre périnée !). Rétroversez votre bassin (visualisez que vous le faites verser vers l’arrière). Vous sentirez que votre transverse antérieur est dur comme du béton au-dessus de votre pubis. Vous devez sentir que vous créez de l’espace entre vos lombaires, et finalement que vous n’avez plus aucune pesanteur au niveau du périnée. Si vous engagez d’autant plus votre périnée, vous pourrez même sentir une légère montée de la base de la verge. A ce moment là vous saurez que vous ne mettez plus d’hyperpression abdominale. Votre bassin est libre.

  • la constipation (lire notre article sur l’apport de l’ostéopathie en cas de constipation). Les efforts de poussées créent de très grosses pressions sur le périnée. Il est donc important de traiter les constipations. En augmentant l’hydratation par exemple. Ou en faisant plus d’activité physique.
  • la posture au travail (lire notre article sur les Bonnes Postures au travail). Les chaises de bureau sont elles aussi de grandes pourvoyeuses de pressions abdominales. Souvent le dossier part en arrière. Vous vous retrouvez donc recroquevillé sur votre chaise. Plié en deux. Et le simple fait de respirer amène de la pression vers le bas.

Pensez aussi à surélever les jambes lorsque vous êtes au toilettes, en mettant par exemple un petit banc. Cela met votre sacrum dans le même axe que vos lombaires, et détend le périnée, qui contient le muscle releveur de l’anus. Vous finirez votre affaire beaucoup plus vite et sans pression. Comme dans les toilettes à la turque. Il est donc important de ramener votre centre de gravité plus en avant. A la verticale. Ensuite vous observerez que si l’angle entre vos cuisses et votre tronc est ouvert (plus de 90°), parce que la chaise est trop haute par exemple, revient au même que si vous aviez un dossier très en arrière. Il y a donc les mêmes conséquences. Relevez vos jambes pour fermer cet angle. Mettez un repose pied. Une fois que l’angle cuisse-tronc est au maximum de 90° vous verrez que votre ventre est plus détendu. Vous ne poussez plus vers le bas.

  • les ports de charges. Comme pour tout le reste, si vous soulevez des charges en bloquant la respiration, vous poussez vers le bas. Alors respirez. Commencez par engager votre périnée avant de porter, et n’oubliez pas de respirer.

Pensez aux sportifs de hauts niveaux comme les tennismen, ou bien les pratiquants d’arts martiaux ou de boxe. Lorsqu’ils font un effort soudain, ça s’entend. Ils crient. Lorsqu’ils mettent un coup, ils crient en même temps. Et on peut observer qu’ils crient très légèrement avant. Ils ont engagés leur périnée, leurs abdominaux, ce qui a protégé leur dos mais aussi leur bassin et enfin en criant ils enlèvent la pression supplémentaire. Résultat : ils ne s’abiment pas (trop).

Au final que dois-je faire?

D’abord il faut en parler. Vos soignants sont là pour ça. Il faut chercher la cause des troubles érectiles pour pouvoir les traiter. A partir du moment ou les examens neurologiques purs n’ont rien donnés, pensez à consulter votre ostéopathe. Après avoir réalisée un interrogatoire médical complet et un bilan global, il pourra trouver une raison expliquant vos troubles. Ensuite il pourra aller travailler votre bassin, votre sacrum, vos lombaires pour leur redonner de la mobilité, et par là même améliorer la vascularisation et l’innervation des organes sexuels. Par ailleurs il pourra effectuer des techniques viscérales s’il trouve des congestions digestives. Enfin il est là pour vous expliquer ce qu’il se passe dans votre corps et vous donner des conseils pour que vous changiez de petites choses au quotidien qui amélioreront grandement vos ébats.   Ce qu’il faut retenir avant tout au sujet des troubles de l’érection : ENLEVEZ DE LA PRESSION ! Qu’elle soit physique ou psychique, détendez-vous. Joignez le sacré au sympathique pour vous rendre au septième ciel.


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